dimanche 17 décembre 2006

Grand-messe cathodique pour une poignée de fervents


La nuit commence déjà à tomber sur la Plaine St Denis. Un petit attroupement se forme devant une entrée de studio. Ce soir, les fans se pressent pour assister à l’enregistrement de 7 jours au Groland, journal décalé présenté par Jules-Edouard Moustic. Sur le pas de la porte, un vigile s’occupe des fouilles au corps. On ne rigole pas avec la sécurité des caïds du PAF. Une file d’attente s’organise. Certains impatients ne peuvent s’empêcher de jeter un coup d’œil à leur montre : « Ils avaient dit 19h ! »
19h25. Sésame, la porte du studio s’ouvre enfin. En prime, les spectateurs du jour ont l’insigne privilège d’assister aux Guignols de l’Info, retransmis en direct sur Canal +. Le décor est planté : c’est d’ailleurs la première chose que l’on voit. La blancheur du bureau en carton-pâte du célèbre avatar de Patrick Poivre d’Arvor détonne dans la pénombre du studio. Une spectatrice s’étonne : « Ca change de la télé ! A la télé, c’est plus clinquant. » Le show est impressionnant. Les marionnettes paraissent plus grandes qu’à l’écran. Quatre caméras, interposées entre le spectacle et les spectateurs, participent de l’atmosphère. Une salve d’applaudissements récompense la fin des dix minutes d’antenne. Les marionnettes disparaissent derrière le décor, sans un au revoir. Une petite minute après, on les voit ratatinées dans d’énormes sacs plastiques transparents que rapportent les marionnettistes. Vision d’horreur. Vie et mort d’un pantin.
Pas le temps de s’atermoyer pourtant. Le chauffeur de salle presse le public de transiter 10 mètres plus loin. Une autre estrade l’attend. Elle fait face au décor de Groland. Les esprits s’agitent, la tension monte : Jules-Edouard Moustic va bientôt faire son apparition. « Et le public sera filmé ! » annonce le chauffeur. Le public de répéter, les yeux écarquillés : « on va être filmés ? » Tandis que chacun se recoiffe, Jules-Edouard Moustic fait une arrivée remarquée : les spectateurs font mine de s’en aller, dépités. La farce préparée d’avance fait son effet. L’animateur vedette se prend au jeu et mime l’étonné : « Oh bah ça alors ! » Le public est ravi. L’animateur fait le spectacle, il met ses fans à l’aise. « Oh, c’est un beau bonnet que tu as là, il faut toujours avoir un beau bonnet » déclare-t-il à un adolescent encapuchonné. Celui-ci est aux anges.
Et l’émission de commencer, et le public de donner de la voix entre chaque reportage. La soirée est passée trop vite. A la sortie, certains retombent en enfance : « Je crois que je suis passé à la télé, on regardera ça samedi sur Canal ! »

© Brice 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Genre un adolescent !