mercredi 31 janvier 2007

Faut-il croire Internet ?

David Monniaux, membre du conseil d’administration de l’association Wikimédia France.

« Wikipédia n’est pas un site de libre expression, Wikipédia ne prend pas parti »

Souvent accusé de diffuser des informations erronées ou incomplètes, l’encyclopédie en ligne Wikipédia n’en est pas moins un des fleurons de cet Internet qui donne la parole à l’internaute, l’Internet «génération 2.0 ». David Monniaux et l’association pour laquelle il travaille, Wikimédia, défendent le développement de projets contenant du savoir libre, visant à en distribuer le contenu publiquement et gratuitement. Il fustige ceux qui disent que cette entreprise se fait au prix d’une information de qualité.

Brice Le Roy : Faut-il croire les informations qui circulent sur la toile ?

David Monniaux : C’est une question qui demande une réponse nuancée. Pour toute information, quelle qu’elle soit, il faut s’interroger sur les auteurs, les motivations… il faut la recouper avec d’autres sources. Cela dépend également du sujet. Prenons un exemple : la presse généraliste raconte souvent des fadaises en matière d’actualité scientifique. Il faut alors s’orienter vers des revues spécialisées. Effectivement, Internet a tendance à favoriser le développement de rumeurs. Internet n’est cependant pas le seul fautif. Pensons à David Pujadas qui avait annoncé sur France 2 le retrait d’Alain Juppé de la vie politique. Plus récemment, il y a eu l’affaire de la SCI [Société Civile Immobilière NDLR] du couple Hollande-Royal : il semblerait que cette rumeur soit née sur Internet, téléguidée par des motivations politiques. La presse s’est alors engouffrée.

BLR : Pour autant, la presse n’est-elle pas à juste titre un média plus sûr ?

DM : Encore une fois, Internet est un média sûr, mais il s’agit de distinguer blogs et sites d’information. Wikipédia n’est pas un site de libre expression, contrairement à un blog. C’est un site où l’on rapporte des opinions, disposant de sources identifiables ayant une certaine réputation. En théorie, on ne retrouve pas de rumeurs sur Wikipédia.

BLR : Comment vérifiez-vous le contenu de l’encyclopédie ?

DM : Il faut savoir que Wikipédia est un hébergeur. Nous n’avons pas de conseil de direction, ni un quelconque organe qui se réunit pour censurer l’expression. Par contre, il existe des règles de fonctionnement. Si un internaute rajoute des informations non sourcées et discutables, tout utilisateur peut demander à ce que ces informations soient enlevées. Il y a néanmoins des sujets controversés, qu’ils ressortissent aux religions, ou tout simplement à des sujets où l’on ne peut prétendre à une vérité définitive : l’économie est un de ces sujets. Ces controverses ne sont pas le lot de l’encyclopédie en ligne uniquement, elles se retrouvent dans tout organe d’information.

BLR : Wikipédia serait donc irréprochable…

DM : En théorie, les articles sur Wikipédia doivent avoir une neutralité de point de vue. Ils doivent représenter les avis ayant pignon sur rue. Wikipédia ne prend pas parti. Je ne dis pas que tous les internautes ont intégré ce concept. Notre objectivité, c’est de présenter les principaux avis et de laisser le lecteur faire sa synthèse. Après, il y a bien sûr des écarts. Un aveu : les biographies d’hommes publics vivants disponibles sur notre site sont peu objectives, du simple fait qu’il n’y a pas de sources qui fasse autorité. Ainsi, il est arrivé que des politiciens chargent leurs secrétaires de retoucher leur page s’il était trop fait mention de promesses électorales non tenues. En définitive, c’est au lecteur d’adopter une démarche active, et ce envers toute source. Wikipédia et l’Internet en général ne dérogent pas à cette règle.
© Brice 2007

mardi 30 janvier 2007

A cabaret-like cinema

© Brice 2007


“May I help you?” the ticket seller asks me with a broad smile. He was hidden behind some sort of sentry box when I walked into the Brady. Then, he rushed outside his box to greet me. Indeed, customers are not that frequent in here. That must be why the man looks so pleasant. No match with cashiers at, say, the MK2 or the Pathé: “A ticket for Mala Noche please.” Mala Noche is the first film by Gus Van Sant. It dates back to 1985. A perfect match for the Brady I think. An old black and white movie in an old movie theater. I’ll stay in the hall before the movie begins. The ticket seller returns to his wooden box... and then disappears... where is he going? A few minutes later, he reappears with a grin. “I’m on my own here, I’m overburdened with work.” Actually, the man is both cashier and projectionnist. He just went to quickly check the machines. I’d better let him do his job. Some other film buffs are queuing in the hall. The Brady couldn’t run without him, he’s the odd-job man of the place.
The Brady is an atypical independent movie-theater. It struggles to keep float, though the competition in Paris is ruthless. Paris is the world capital of the seventh art: there are some 368 cinemas in town. Among them, the Brady is just one little place with no real financial help. Being independent, it doesn’t screen ads before movies begin. Independent movie-theaters thus bank on conviviality and a familylike atmosphere. Yet, the tendency is that these cinemas are slowly but surely shutting up shop, while multiplexes manage to have more and more screens available. The Brady still resists this tendency: In the old days, it was a music hall. It became a movie theater in June 1956, and quickly turned into a place for connoisseurs, as it only proposed... scary movies! The Brady thus built itself a reputation of a horror cinema, before Jean-Pierre Mocky saved it from scratch. A famous French film director, Jean-Pierre Mocky bought the cinema in 1994. The Brady, also called L’Albatros since then, now offers a wider range of genres, but it has also become a temple for Mocky’s fans: every film he directed is screened there, hence the posters on every wall. Mocky enven indulged into screening Robin des Mers, which he directed, but which he didn’t manage to sell to other cinemas. The Brady was thus the only cinema to offer it to moviegoers! For thirteen years now, Mocky has been pumping his personal money into the project. The good point for me is that the Brady does not only play movies directed by Mocky. If it did, it would probably have even less success.
This is how it works, and I’m convinced there should be more independent places like that in Paris. The problem is, these independent cinemas cannot compete with huge machines like Gaumont, UGC or Pathé. The Brady’s atmosphere is that of an old cabaret, and at the same time, it is as if spectators experienced a timeshift. Mala Noche was ok, and as I left the hall, buried in my thoughts about Paris cinemas and stuff, the ticket seller ran out of his sentry box and came to me. He was smiling. “So, he asked, how was the movie?” We chatted for a few minutes about Mala Noche, but especially about the place, about his work. He really loves his job; he confided in me that he thought he was proud to be a keystone of the survival of the Brady. Alas, we soon had to drop the conversation, again customers were queuing and he had to get back to work, with a smile.
© Brice 2007

lundi 22 janvier 2007

A la vie à la mort

© Brice 2007


Dimanche 21 janvier. Il est 14h30 et quelques milliers de manifestants sont regroupés Place de la République à Paris, à l’appel du collectif « 30 ans ça suffit » qui réunit différents mouvements anti-avortement. Ils s’apprêtent à défiler pour protester contre « ce fléau international qui a tué 7 millions d’enfants depuis 32 ans, soit 250000 enfants par jour…» Ce sont les chiffres édifiants que crache un haut-parleur perché sur un camion. Le calcul est erroné – en effet, au rythme de 250000 avortements quotidiens, on atteindrait les 7 millions en 28 jours –, mais l’impact n’en est que plus fort sur la foule. Au milieu de cette foule, une femme. Elle a la quarantaine et respire la joie de vivre. Virginie Raoult-Mercier, ancienne avocate au barreau de Versailles répond aux questions des sympathisants et des médias. Elle est postée au point presse. Cheveux bruns et courts, visage reposé, col roulé prune, petite, mais costaude. Elle est porte-parole du mouvement « Choisir la Vie », une association qui réclame un véritable engagement politique en faveur de l’abrogation de la loi Veil légalisant l’avortement. Son message est simple : « Nous sommes 32 ans après la loi Veil. Aujourd’hui on dit : c’est trop. Nous sollicitons l’arrêt de ce massacre, et spécifiquement en cette année électorale. » Effectivement, à trois mois de l’élection présidentielle, les militants anti-avortement veulent donner de la voix et peser sur le débat. « Nous annoncerons le nom du candidat que nous soutenons en avril. D’ici là, nous attendons un geste des présidentiables », explique-t-elle. En cet après-midi ensoleillé, Virginie Raoult-Mercier s’enorgueillit de la présence de plusieurs élus. Le bruit court selon lequel le président du Mouvement Pour la France, Philippe de Villiers, aurait fait une courte apparition. Des maires et conseillers régionaux Front National sont également aux premiers rangs du cortège. Pourtant, Jean-Marie Le Pen vient de retirer son projet d’abrogation de la loi Veil de son programme de campagne, préférant opter pour un référendum en cas de victoire de son parti à l’élection. Pas de quoi inquiéter Virginie Raoult-Mercier pour autant : « Il faut des politiciens qui osent dénoncer la mort de tous ces enfants et qui osent défendre le droit à la vie dès ses premiers instants. C’est regrettable de la part de Jean-Marie Le Pen, on verra ce qu’il propose comme aide aux futures mères. » En bonne manieuse d’une pédagogie par la répétition, elle ajoute : « Nous, nous demandons d’abord l’abrogation, ou du moins que le débat soit ouvert sur cette question capitale. »
Son combat, elle le mène depuis l'enfance. « Et pour cause, elle a de qui tenir » glisse Claude, un proche. Et d’ajouter en s’excusant auprès de son amie, comme s’il en disait trop : « son père, Michel Raoult, fut l’un des premiers défenseurs du droit à la vie ainsi que le premier président du collectif « Choisir la Vie ». » Ce que Claude ne dit pas, c’est qu’il est mort assassiné en mars 2002 à la mairie de Nanterre où il était conseiller municipal. Depuis, Virginie Raoult-Mercier a repris le flambeau. Elle quitte le barreau en 2003. Une affaire de famille en quelque sorte. Elle est fière de défendre aujourd’hui les valeurs pour lesquelles son père a donné sa vie.
« Aujourd’hui, pour cette « Marche pour la vie », nous avons réuni diverses associations qui luttent comme nous. L’union fait la force. » Ainsi, les Jeunesses Catholiques font partie du cortège, tout comme S.O.S Tout-Petits mais aussi Civitas. C’est la première année que les associations catholiques prennent part au défilé, « une bonne chose » selon Virginie. Elle affiche une mine réjouie. « Nous lançons aujourd’hui un appel pressant à tous les présidentiables par le nombre que nous sommes. Nous attendons des candidats courageux qui s’engagent en faveur de la protection de la femme enceinte, de la valorisation des aides familiales et de l’aide aux futures mères. »
Une femme de poigne au sourire facile. Elle défend une cause sensible, jugée réactionnaire et passéiste à une époque où les femmes revendiquent le choix d’être mère. Des qualificatifs qui ne la touchent pas. Au-delà de ce défi collectif, sans doute un défi personnel, en hommage au père décédé. Défendre la vie pour parvenir à faire son deuil.
© Brice 2007

Scène d'esprit




« Laura Martel, comme Charles », c’est ainsi qu’elle se présente à l’aréopage de journalistes en herbe qui lui fait face. Pas de quoi intimider la jeune actrice. En coutumière de l’exercice, elle tâche de mettre tout le monde à l’aise. Elle-même apprentie journaliste, elle connaît l’envers du décor.
C’est d’une voix claire et affirmée que ce petit bout de femme de 24 ans raconte ses premiers pas sous le feu des caméras : « J’avais 6 ans, je jouais le rôle principal d’un film dirigé par Jean-Pierre Mocky, Divine Enfant. » Laura en parle avec une certaine nostalgie. Elle ne cesse de farfouiller son abondante chevelure rousse. Ses yeux bleus partent dans le vague. « Pour ce film, je partageais l’affiche avec un chiot… Après, c’était l’engrenage, de films en téléfilms, du théâtre aussi. » Véronique Genest, Gérard Klein, Mimi Mathy, autant d’acteurs que la petite pousse côtoie. « J’ai vraiment eu de la chance. » Puis elle se tourne vers le théâtre, où « la prise de risque est permanent », un « art de l’instantané ». « La démarche est différente », explique-t-elle. C’est maintenant son écharpe fuchsia qu’elle caresse. Laura a longtemps tourné avec la troupe Alchimia, mais elle a encore bien des rêves à assouvir sur les planches, jouer une pièce de Molière par exemple. « Molière, c’est le rêve, ce n’est pas du tout dépassé, au contraire. »
Trajectoire étonnante pour une jeune fille comme une autre. Mère psy, père opticien, rien ne la destinait à la scène ou aux caméras. C’est dans une maison de retraite qu’elle est repérée dès sa plus tendre enfance : elle y donne des spectacles pour divertir les personnes âgées. La suite, on la connaît. Deux films, une vingtaine de séries télé, et des pièces, donc.
Brillante à la scène comme à la ville, Laura poursuit ses études. Diplômée de Sciences-Po, elle épouse aujourd’hui la voix du journalisme, sans doute pour s’adonner à l’écriture, le texte, toujours le texte. « J’écris une pièce d’ailleurs », ajoute-t-elle. « Toutes mes pièces tournent à la tragédie, je ne sais pas pourquoi ». Quand l’art transfigure le réel.
Pourtant, qui trop embrasse de carrières parfois mal étreint. La donzelle s’éparpille, touche à tout, certes avec succès à chaque fois, mais pour aller où ? « L’idéal serait de tout combiner, mais un jour il faudra sans doute faire un choix. J’aviserai quand ce jour viendra ». L’insouciance de la jeunesse, l’insolence de la réussite.


© Brice 2007

lundi 15 janvier 2007

Doisneau, or the aesthetic conjurer

This piece was originally written for the radio



A policeman’s diligently walking past a flat, whose entrance looks like a monster’s mouth. It’s just as if the devilish mouth was watering for the policeman. Clic. A butcher’s just finished carving a veal. Strangely enough, his apron is dashingly white, almost the same colour as the mouth of the animal, which is still lying on the work bench. Clic. Jardin du Luxembourg, in Paris, two wee little white-hooded girls are running after their mother, contrasting with the massive bulk of a statue in the foreground. Clic.
These are some of the scenes you can witness in Paris, and even more if, like me, you like photographs. Because these scenes I’ve just depicted are moments snatched from eternity by Robert Doisneau, certainly the most famous Paris photographer. Paris. Paris. Paris, cultural capital of the world. Paris, artistic centre of the universe. I’m not only being bombastic. Look, just think of Paris. I’m sure pictures are popping up in your mind. Now think of Paris, and think of a man who dedicated his life to taking photographs of Paris. Robert Doisneau is famous for his frank and often-humorous depictions of Parisian street life. You probably know his most famous work, which he entitled Le Baiser de l’Hôtel de Ville. In this picture, a young couple passionately kiss one another in front of the city Townhall. Right now I’m queuing... guess where? in front of the Hôtel de Ville. Supreme acknowledgment of Doisneau’s gift, it is hosting a retrospective retracing the photographer’s love affair with the city he admired.
I am here not only because it is free, but also because a Parisian myself for now 20 years, I couldn’t miss this exhibition. It’s ten to ten in the morning. Early dwellers are already here with me. Some of them are holding umbrellas. I’m standing there, oblivious to the raindrops that are vigorously crashing on my forehead. And I’m gently eavesdropping on my neighbours: “Robert Doisneau knew Paris like the back of his hand. The city was his muse,” a plump woman is saying to her husband. A connoisseur I think. That is my sole regret: I’m too young. I cannot say that I know Paris like the back of my hand; so that’s why I’m here now, to catch up with my origins. Still a few minutes to wait and I’ll be in. In some kind of temporal journey that will take me through 280 saynettes of Paris’ everyday life. 1934 – 1991, 57 years during which Robert Doisneau has paced Paris up and down, during which he immortalized the instantaneous, with the help of his camera. But Gosh I’m not alone, it’s crowded in the townhall, tourists are here as well. It is for them quite a clever way to get acquainted with Paris’ history indeed. I’m elbowing my way so that I can manage to peer at the photographs. Never mind. It’s like in a dream, all those Parisians in the pictures, they make me think of ancestors my mother has shown me, same hair style, same outfit. And of course, the photographs are in black and white. If Doisneau were there, he would take photos of us visitors: we are smiling, thinking, just reacting to what we see. I myself happen to giggle, for instance with the picture of this dowdy lady being horrified in front of an erotic painting, whereas her husband pretends to be looking somewhere else.
I’ve almost finished the exhibition, and I’m thinking that as soon as I get out of the townhall, I will be in Paris again. Perhaps my eyes will see Paris differently; perhaps my eyes will unravel some everyday life mysteries, the littlest things that you normally neglect. This retrospective is like an awakening, like a conversion. Last picture on the wall: other anonymous Parisians, this time a young boy and his mother, playing in the street with a stick and a hoop. All those anonymous Parisians are now part of Paris history, thanks to Robert Doisneau. Give this man a camera and he turns street life into unforgettable pictures. Doisneau, or the aesthetic conjurer.
© Brice 2007

jeudi 11 janvier 2007

Embrouillamini à droite, Balladur y va de son bon mot


Rivalités, phrases assassines, règlements de compte, les esprits s’échauffent à l’UMP à quelques jours de l’intronisation de Nicolas Sarkozy. Face à cette mascarade politique, Edouard Balladur a invité l’ensemble de la droite à faire bloc.

« Pour une fois, imitons les socialistes. Ils ont désigné un candidat. » Ces propos sont bien ceux de l’ancien premier ministre de droite. C’est dire l’inquiétude qui règne dans les rangs de l’UMP, à quatre jours du vote d’investiture du candidat à la présidentielle. Les dernières déclarations de Dominique de Villepin, dimanche dernier sur Canal +, n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. Le chef du gouvernement a annoncé son intention de ne pas prendre part au vote. Non, il ne donnera pas sa voix à Nicolas Sarkozy. Pas plus d’ailleurs que le président de l’Assemblée Nationale, Jean-Louis Debré. Et que dire de Michèle Alliot-Marie ? La ministre de la Défense envisage toujours de se présenter à l’élection présidentielle en dehors de sa famille politique.
Pour autant, Nicolas Sarkozy se veut serein. « Mes opposants ne sont plus très nombreux » ironise-t-il. Le ministre de l’Intérieur a même enregistré le ralliement d’un chiraquien de choc en la personne d’Alain Juppé.
A l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen se frotte les mains, lui qui prophétise déjà un second tour qui l’opposera à Ségolène Royal.

© Brice 2007

La longue traîne, essai sur un nouveau pan de la net-économie


L’avènement des technologies de l’information et de la communication – et tout spécialement de l’Internet – a modifié fondamentalement les structures économiques des pays développés. L’Internet, de par son infinie capacité de stockage, ou encore de par sa capacité à rendre tout produit disponible à tout moment, a créé de nouveaux besoins, ainsi qu’il a permis l’éclosion de nouveaux marchés. L’un d’entre eux retiendra ici toute notre attention, ou plus exactement l’on s’intéressera ici à l’émergence d’un concept économique porteur de mille et une promesses d’avenir : la longue traîne.
La longue traîne, en d’autres termes, c’est le marché des raretés. Dans une terminologie altermondialiste, on pourrait parler d’économie taillée sur mesure pour l’individu, où chacun trouve son compte sans toutefois tomber dans une logique de masse. Ce serait toutefois faire la part belle au consumérisme qui est à l’aune de la longue traîne. Une notion à la frontière donc, entre capitalisme – car après tout il est bien question d’argent – et liberté de choix, à la frontière entre consommation primaire et acte d’achat réfléchi et volontaire. Ou lorsque le capitalisme vient à la rencontre de l’individu que la société a contribué à désingulariser pour inverser le processus. La longue traîne, c’est ça, c’est la possibilité donnée par l’Internet de redonner le choix au consommateur d’être unique… et ça rapporte !


Mais revenons plus avant sur le concept, et proposons une définition de la longue traîne. Dans un article publié en octobre 2004 dans la revue Wired, le rédacteur en chef Chris Anderson donne à la longue traîne [ou long tail en version originale] ses lettres de noblesse. Chris Anderson peut se targuer d’être le premier théoricien d’un concept qui va révolutionner la consommation. Pour l’expliquer, revenons sur son article fondateur.
Prenons, à l’instar de Chris Anderson, l’exemple d’un disquaire. Un disquaire ayant pignon sur rue n’en a pas moins un espace limité, dans lequel il peut stocker disons 1000 disques compacts, soit une dizaine de milliers de chansons. Quels critères vont guider ce disquaire dans la sélection des disques qu’il mettra en rayon ? A n’en pas douter, il proposera à ses clients les albums les plus susceptibles d’être vendus. Prenons maintenant le cas d’un disquaire sur la toile. Lui n’a cure de la sélection. Sa capacité de stockage étant quasi illimitée, il ne s’embarrassera guère de s’astreindre à une sélection, alors qu’il a la capacité de proposer à ses clients des centaines de milliers de chansons. De fait, l’étendue de son catalogue saura attirer un nombre de clients d’autant plus important. Niveau comptable, les deux disquaires ont un point commun : tous deux vendront, qui les 1000 disques de son magasin, qui les 1000 mêmes disques qui plaisent le plus au consommateur. Par contre, le disquaire en ligne dispose d’un avantage énorme, il vendra également ne serait-ce que quelques unités de chaque album ou chanson de son catalogue. Or, en additionnant les recettes de ce commerce des bides – que l’on se permettra d’appeler comme tel par opposition aux hits – il récoltera plus de deniers que par la vente des 1000 disques plébiscités par le public. C’est la longue traîne, que l’on voit clairement sur le graphique ci-dessous.


En rouge, les hits. En jaune, les bides, ou produits moins populaires. Le disquaire qui tient son échoppe ne peut mettre que les hits en magasin, ses recettes se cantonnent donc à la partie rouge de la courbe. Le disquaire en ligne enregistre en plus les recettes liées à la partie jaune du graphique : un agrégat de petites entrées pécuniaires qui cumulées représentent davantage que les sources de revenu tirées des grosses ventes.
Cette longue traîne – en jaune donc sur le graphique [et qui continuerait à s’effiler vers la droite si la largeur de la feuille le permettait – représente donc une spécificité de la net-économie. Seul l’Internet offre de telles capacités de stockage, et de fait une gamme de produits plus étendue, susceptible d’attirer les consommateurs les plus hétérogènes.

Dans son article, Chris Anderson revient également sur le système de fonctionnement du libraire en ligne Amazon. L’idée est la même : Amazon a en stock un nombre incroyable de livres, de telle sorte que l’accumulation des ventes de livres moins recherchés que les best-sellers rapporte bien plus que la vente desdits best-sellers.
Même chose pour le moteur de recherche Google. Google tire ses finances de la publicité en ligne. Or, les plus gros annonceurs en ligne représentent une partie infime des revenus de Google, comparés aux indénombrables petits annonceurs qui envahissent la toile de leurs publicités. Une fois encore, la longue traîne est passée par là.
Ce ne sont là que quelques exemples révélateurs, qui témoignent de l’importance de ce concept et des opportunités qu’il offre en puissance. Il s’agit en effet d’une réelle révolution économique dont l’Internet s’est fait le déclencheur et le support.

Songeons maintenant à la révolution qui s’opère chez le consommateur. La longue traîne, c’est l’annonce de la fragmentation de la consommation de masse. Bien sûr, les produits populaires continueront à être populaires – grâce à la publicité qui en sera faite notamment – mais ces mêmes produits dits populaires ne feront plus la loi.
Dans une société où l’individu est choyé, où l’individu prend conscience de sa liberté de parole, de conscience, où l’individu s’individualise et où montent les égoïsmes, il fallait bien qu’un jour la consommation réponde à ces évolutions. C’est chose faite, l’offre peut aujourd’hui répondre à une demande toujours plus vaste et singulière. La demande s’engouffre dans les niches, c’est-à-dire ces cases du marché qui semblent conçues spécialement pour l’individu.
C’est en effet une tendance visible à l’œuvre aujourd’hui. Non pas que cette tendance ne fût prédite il y a bien longtemps, bien avant l’arrivée de l’Internet. Les penseurs du post-modernisme français, parmi lesquels Lyotard, Foucault, et autres Derrida, avaient à leur époque théorisé le marché du futur. Les post-modernistes avaient pour objectif de détruire le capitalisme et la société bourgeoise. Pourtant, ils ont su prévoir comment le capitalisme allait se réinventer dans les années 80 et 90, et ont même donné aux chantres du marché moderne les moyens pour ce faire. Foucault, dans la droite lignée d’Adorno et de Horkheimer, parle de structures « méta-narratives » qui encadrent les individus : au XVIIIème Siècle, ce fut la connaissance [par l’entreprise des Lumières], au XXIème ce sera l’individualisme. La connaissance, l’émancipation, comme autant de moyens de se soustraire au pouvoir d’un Dieu métaphorisé : le pouvoir de l’Etat au XVIIIème, le pouvoir du marché au XXIème. Leurs écrits ont influencé bon nombre d’entrepreneurs, dont le patron de Virgin, Richard Branson. Ils ont même été à l’origine de slogans publicitaires, comme pour une grande marque de cosmétique : « Parce que je le vaux bien ». Le marché cible l’individu et lui donne les moyens de se sentir individu et non collectivité. Flatterie ultime de l’idiosyncrasie. Ainsi s’accomplit la fragmentation de la structure méta-narrative, au creux de laquelle le consommateur s’épanouit.
Pour reprendre les termes chers à Chris Anderson, la fragmentation, c’est la niche, c’est mille niches. Ainsi, conformément aux prédictions des post-modernes français, l’individu devient l’artiste de sa propre vie, de manière plus ou moins illusoire néanmoins. Bien loin de déjouer les règles du marché, le consommateur l’enjoint à se transformer. Un véritable jeu de cache-cache où au final, les deux partis sortent vainqueurs. L’emblème d’une telle conception est sans doute Youtube, site récemment racheté par l’ogre Google et qui permet aux internautes de partages des vidéos en ligne. L’utilisateur accède à la reconnaissance, à une certaine médiatisation, tandis que Google engrange les recettes publicitaires.


La longue traîne, c’est donc l’avenir à court terme de la net-économie, avant peut-être qu’une nouvelle structure méta-narrative ne prenne le relais. D’ici là, profitons d’une apparente réconciliation entre marché et consommateur, entre offre et demande.

© Brice 2007

L’article de Chris Anderson est disponible sur le site Internet de Wired : http://www.wired.com/wired/archive/12.10/tail.html
Information également disponibles sur le blocnote de Chris Anderson : http://longtail.typepad.com/the_long_tail/

dimanche 7 janvier 2007

Eloge de la pige

Romain Le Flec’h a 28 ans et un diplôme de journalisme en poche. Il a eu le talent d’intégrer La Tribune en tant que pigiste et dispense ici sa vision du journalisme ainsi que quelques précieux conseils à qui voudrait suivre sa voie. Un entretien qui fait renaître l’espoir.


Le moral des ménages est en baisse, la consommation en pâtit, 40% des Français ne s’estiment pas à l’abri d’une perte d’emploi qui les contraindrait à dormir dehors… et les pauvres étudiants en journalisme ne voient aucun débouché se profiler au loin. Comme l’avenir semble morose ! A moins que.
Romain Le Flec’h a lui aussi traîné sa chétive carcasse sur les bancs de la faculté, lui aussi s’est aguerri au fil des stages, et aujourd’hui, il vit de sa passion, le journalisme. Cela fait un an qu’Olivier a plongé dans le grand bain : il est désormais pigiste attitré à La Tribune dans la rubrique culture. Cette réussite ne doit rien au hasard, le jeune journaliste le reconnaît lui-même : « C’est bien d’être spécialisé quelque part, j’ai trouvé ce travail parce que j’avais déjà un bon background culturel. » L’utilisation des termes rappelle que Romain est diplômé d’un Master de journalisme bilingue. Il est aussi au fait de tout ce qui se passe dans le petit monde de la culture, et ce depuis son plus jeune âge. « Je fréquente les biennales, j’ai ma carte d’abonnement à l’opéra, je suis assidu du théâtre et très branché ciné. » Un poste prédestiné donc.
Et si on lui demande ce qu’il envisage par la suite, Romain Le Flec’h arbore un grand sourire. Il sait que la réponse est inattendue : « je compte rester pigiste. Etre pigiste, c’est précaire au début, mais c’est la liberté. » Apologie de la flexibilité. Romain avoue tout de même qu’il lui faudrait dénicher d’autres publications pour diversifier ses sources de revenu. Car le milieu est instable et la voie bouchée.
Certains réussissent pourtant, à l’image du sympathique Romain. Journalistes en herbe, relevez la tête, la bataille ne fait que commencer. Elle peut mener au succès. Un conseil de Romain : « il faut être une force de proposition, bouillonner de sujets à soumettre aux rédactions, la clé est là. » A vos plumes !

© Brice 2007

samedi 6 janvier 2007

A la belle étoile

© Brice 2007

Chaque jour charrie son lot de promesses et de réactions relayées par les médias. Pourtant, le canal St Martin ne désemplit pas, les SDFs sont toujours là. Bientôt un mois qu’ils occupent les berges, que la masse invisible des sans-abri s’exhibe, au nez et à la vue des passants, au nez et à la barbe des politiques. A quatre mois des élections chacun peaufine ses résolutions pour régler la crise du logement. Et dans l’attente de propositions effectives, les bivouacs bourgeonnent, hier à Orléans, aujourd’hui à Lille, où donc demain ?
D’aucuns pensaient que le mouvement allait s’essouffler après les fêtes. Le charismatique responsable des Enfants de Don Quichotte – l’association par qui le débat est arrivé – Augustin Legrand, devait s’envoler loin de ses protégés en raison d’un tournage. L’homme est acteur, et les mauvaises langues se frottaient déjà les mains. Et pourtant, les tentes sont bien là. Fidèles au poste. Le temps maussade n’y fait rien.
Sur les rives du canal St Martin, ils sont deux cent cinquante, peut être plus. Organisés, soudés. Des tables en bois sont dressées, garnies de jus de fruits et de menues collations. Un café situé le long du quai de Jemmapes fait office de Quartier Général. Le patron distribue gratuitement les boissons.
La nuit tombée, le tumulte se mue en silence. Du haut des ponts qui barrent le canal, on voit bien l’alignement des tentes, ces tentes qui défient les puissants, qui crient au secours. La pluie tape contre les pavés, contre les parois. Juan sort de sa grotte de tissu pour allumer une cigarette : « On les aura, on les fera plier. Dans le quartier, tout le monde nous soutient. On attend juste un geste de l’Etat. » Il est 23h, une petite troupe s’agite encore du côté des tables de vivres. Un groupe électrogène éclaire la scène. Les discussions sont vives, les répliques fusent : « Mais non », s’exclame Luigi, la quarantaine, « t’as rien compris » ; et un grand costaud de répondre en s’esclaffant : « quoiqu’on en dise, on est mieux ici que disséminés dans Paris».
L’union fait la force, et la bonne humeur. C’est le constat qui semble s’imposer. Une petite balade le long des tentes suffit pour sentir qu’au-delà des revendications, l’initiative des Enfants de Don Quichotte a permis de rapprocher ceux qui sont habitués à vivre seuls. Le bivouac est devenu un laboratoire d’idées neuves. Les sans-abri confrontent leurs expériences. Bien sûr, ça parle politique. « Tous pourris », regrette Carl, à la rue depuis 1995. Il a vu les hommes défiler, mais il n’a pas vu sa situation s’améliorer. Alors, l’élection qui approche, il n’en attend pas grand-chose, même si pour une fois, il admet que « là, quelque chose va peut être changer. »
Une chose est sûre, le campement improvisé n’est pas prêt de désemplir. C’est un petit village qui s’est installé en plein Paris, à quelques pas de la Gare de l’Est. A moins que la police ne s’en mêle : à Strasbourg, vingt-deux tentes ont été déplacées. Les sans-logis du canal veulent croire en leur bonne étoile.
© Brice 2007

The Aborigines: a history of violence, segregation, assimilation, and soon, of integration?



Etymologically, the word aborigines comes from the latine “the first inhabitants” (especially of Latium) or from “from the beginnings”. It was extended in 1789 to natives of other countries, which Europeans have colonized.
Australian Aborigines have had a long history marked by colonization. Once Britons and James Cook invaded the territory, the condition of natives was put into question. Different answers came up as history went on, hesitating between violence and slaughter to segregation, assimilation and in the end a will to integrate these populations. Still, Aborigines are left apart from the Australian mainstream society. State officials remain defiant, as they still do not stick to a definitive way of dealing with them. This essay is to try to sum up the different methods adopted to cater for Aborigines, giving voice to several experts, and showing how complex the questions remain.
The main problem is: Australian should try to integrate Aborigines with regards to their traditions and customs. Herein lies the whole difficulty. A difficulty that is not specific to Australia. It is unfortunately the same problematics that are at stake concerning other native peoples.


· (Ab) origines


The word "aboriginal" means "the first" or "earliest known". The word was first used in Italy and Greece to describe people who lived there, natives or old inhabitants, not newcomers, or invaders. Australia may well be the home of the world’s first people. Stone tools discovered in a quarry near Penrith, New South Wales, in 1971 show that humans lived in Australia at least twelve thousand years before they appeared in Europe.
Willem Janszoon (Dutch) was the first European on the Australian continent (1605). James Cook (British) rediscovered New Zealand after one century of silence, explored the east coast of Australia and named it "Newsouthwales". Afterwards the government of Britain decided to use Australia for the new penal colony. In the year 1788, a fleet under Captain Philip came with approximately 700 prisoners. They founded Sydney. There were approximately 750000 Aborigines when Sydney was first settled by the British. The British thought they could take away the land from the natives, because they saw no system of government, no commerce or permanent settlements and no evidence of landownership. The Sydney Cove colony was founded on the legal principle of "terra nullius" - this meant that the land belonged to no one. This notion of “terra nullius” was only overthrown in 1993. One thing is interesting here: this is what is called “doctrines of dispossession”. It is as if politicians and thinkers had the faculty to produce texts and treatises that rhetorically justify what they did. It gave a clear conscience to those who shared powers, as their atrocities were given a sense by legislative texts. Take for example two Papal bulls of the time, Romanus Pontifex[1] and Inter Caetera[2]. Those two bulls set the stage for European domination of the New World and Africa. Then came the Treaty of Tordesillas (1494) that redivided the Globe. The two Papal bulls have never been revoked, though indigenous representatives have asked the Vatican to consider doing so.
These “doctrines of discovery” provided the basis for both the “law of nations” and subsequent international law. Thus, they allowed Christian nations to claim “unoccupied lands” (terra nullius), or lands belonging to “heathens” or “pagans”. In many parts of the world, these concepts later gave rise to the situation of many Native peoples in the today - dependent nations or wards of the State, whose ownership of their land could be revoked - or “extinguished” – at any time by the Government.
Many Aborigines were driven away from their land by force and a large number got numerous diseases. The balance between nature and the people was broken down, because many bought alcohol and drugs from the settlers. Whole tribes were massacred when the Aborigines fought back. The survivors were put into reservations and church missions. Many women were raped. Some Europeans saw the Aborigines as wild animals and hunting them was a kind of sport. Full-blood Aborigines in Tasmania were therefore wiped out. There were only 61,000 left in the early thirties of the 20th century. Today, such practices would be called ethnic cleansing and genocide.


· Segregation / assimilation


As history went on, politicians and thinkers hesitated between a process of assimilation, and one of segregation. This is quite clear today, as 30% of Aborigines live in the outbacks. They are completely desocialized, whereas others try their luck in cities but face segregation.The scientific interest for the Aborigines came. By the early 1900s, the British wanted to segregate and "protect" the Aboriginal people. Employment and property rights were restricted and the state removed children from mothers if the father was non-Aboriginal. This generation of kids was later to be called the “stolen generation”[3]. The positive side, they said, was that full-blood Aborigines living in reservations were protected in some way. The assimilation policy of the 1960s completely controlled the peoples' life. They decided where the Aborigines could live and whom they could marry. The Aborigines were forced to adapt the European culture. The obvious goal was assimilation. The value inherent in indigenous cultures and knowledge was not recognized. The Aborigines became better educated and more organised after World War II. Citizenship was bestowed in 1967. The assimilation policy was replaced by policy of self-determination in 1972. Large parts of the Australian outback are desert. Many Aborigines live there nowadays. Today 200,000 Aborigines live in Australia. They had begun to forget their traditions and culture. Many had become sick and had begun to fight one another, but recent laws made it possible to regain their land. The problems disappeared when they came back to their land and lived there their traditional way of life. The Aborigines collect berries and seeds and they hunt kangaroos and other animals. The children learn more about their culture and language as well as English and mathematics. They are proud of their culture and their life, although they live in very poor houses and water is far away. After spending twenty-five years living in these communities the Reverend Steve Etherington reached the disturbing conclusion in an important analysis of the situation that “tribal Aborigines are a kept people ... The vast majority are never required to learn anything or do anything. Erosion of the capacity for initiative and self-help are virtually complete.”

The outbacks communities



This means these Aborigines who live in the outbacks are totally set apart from the Australian society. There is a physical separation from the rest of the society, which created a huge gap. So how now can Aborigines get integrated? The most important thing to be noticed in these remote communities is that they experience a loss of identity as well. Research highlighted that there was “a loss of the role of male” as traditional roles of hunter-gatherer have largely disappeared. There is a real prospect that, unless urgent remedial action is taken to encourage integration outside the communities, these policies will leave most of them as depressed areas. That, in turn, will be viewed as a failure of the reconciliation process – and will likely slow that process. There is a particular need to consider whether the government should continue to provide extensive services, including housing, that encourage Aborigines to stay in communities where limited employment opportunities are available. The more that facilities and welfare are provided to these communities, the less inclined the residents will be to make the integrationist moves that provide the basis for an improved way of life and for securing real employment. The road to improvement is most likely to be found through measures that encourage what is now a desperate need for increased integration. Accordingly, a better alternative might be to examine ways of helping the residents of these communities to move to areas where employment is more likely to be obtained and small businesses established. Peter Howson, a former Minister for Aboriginal Affairs, said: “this will require a move to places in which employment is more readily available, and it will involve a change in way of life and participation in new activities. But this need not mean the loss of indigenous identity and it should help restore the role of the male”[4]. There lies the difference between assimilation and integration...Indeed, the majority of the Aborigines live in towns, but many live in very bad conditions: Poor houses (slums), illiteracy, low wages, high unemployement rate and infant mortality rate, low life expectancy and alcohol and drugs are widespread proplems. There are racial discrimination and prejudices by the Whites to the Aborigines. Aborigines lack flamboyent models of integration: Cathy Freeman, a winner of a Gold medal at an Olympics and perhaps Eric Deeral, Queensland's first Aboriginal politician.
The International Community has also grown concerned with the condition of indigenous peoples. The United Nations first focused its attention formally on the problems of indigenous peoples in the context of its work against racism and discrimination.In 1970, the Subcommission on Prevention and Discrimination and Protection of Minorities (a subsidiary body of the Commission on Human Rights) commissioned Special Rapporteur Martinez Cobo of Ecuador to undertake a study on "The Problem of Discrimination against Indigenous Populations". That monumental study, completed only in 1984, carefully documented modern discrimination against indigenous peoples and their precarious situation. His report catalogued the wide variety of laws in place to protect native peoples: some of these were discriminatory in concept, and others were routinely disregarded by the dominant community. It concluded that the continuous discrimination against indigenous peoples threatened their existence. The establishment of the United Nations Working Group on Indigenous Populations in 1982 was a direct result of the Cobo study.


Still, nothing is solved yet. Aborigines are still segregated, they stil face problems of racism, of unemployment, and at the same time they continue to lose their identities slowly. The difficulty lies in the fact that Australian authorities need to find an appropriate frontier between assimilation, integration and segregation.John Howard seems to be quite keen on finding a solution, but the next elections will determine if the President is to do something concrete in favor of those who were first on this land, the Aborigines.

Sources:
http://apology.west.net.au/ a website dedicated to Australians who wish to make amends for all that has been done to Aborigines
http://www.cityofsydney.nsw.gov.au/Barani/themes/theme3.htm different recent laws passed concerning the condition of Aborigines in Australia
http://www.ebgymhollabrunn.ac.at/projekte/abori.htm
http://www.orac.net.au/~mhumphry/aborigin.html two websites giving a bird’s eye view of a history of Aborigines and explaining the main difficulties Aborigines have to cope with now
http://goliath.ecnext.com/coms2/summary_0199-2935599_ITM the failure of Aboriginal segregation, by Peter Howson
http://www.un.org/WCAR/e-kit/indigenous.htm an article that discusses racism against native peoples


[1] Romanus Pontifex was issued by Pope Nicholas V in 1452
[2] Inter Caetera was issued by Pope Alexander VI in 1493
[3] The stolen generations, an essay by Robert Manne, 1998
[4] The failure of Aboriginal segregation, Peter Howson, 2003

© Brice 2007