lundi 22 janvier 2007

Scène d'esprit




« Laura Martel, comme Charles », c’est ainsi qu’elle se présente à l’aréopage de journalistes en herbe qui lui fait face. Pas de quoi intimider la jeune actrice. En coutumière de l’exercice, elle tâche de mettre tout le monde à l’aise. Elle-même apprentie journaliste, elle connaît l’envers du décor.
C’est d’une voix claire et affirmée que ce petit bout de femme de 24 ans raconte ses premiers pas sous le feu des caméras : « J’avais 6 ans, je jouais le rôle principal d’un film dirigé par Jean-Pierre Mocky, Divine Enfant. » Laura en parle avec une certaine nostalgie. Elle ne cesse de farfouiller son abondante chevelure rousse. Ses yeux bleus partent dans le vague. « Pour ce film, je partageais l’affiche avec un chiot… Après, c’était l’engrenage, de films en téléfilms, du théâtre aussi. » Véronique Genest, Gérard Klein, Mimi Mathy, autant d’acteurs que la petite pousse côtoie. « J’ai vraiment eu de la chance. » Puis elle se tourne vers le théâtre, où « la prise de risque est permanent », un « art de l’instantané ». « La démarche est différente », explique-t-elle. C’est maintenant son écharpe fuchsia qu’elle caresse. Laura a longtemps tourné avec la troupe Alchimia, mais elle a encore bien des rêves à assouvir sur les planches, jouer une pièce de Molière par exemple. « Molière, c’est le rêve, ce n’est pas du tout dépassé, au contraire. »
Trajectoire étonnante pour une jeune fille comme une autre. Mère psy, père opticien, rien ne la destinait à la scène ou aux caméras. C’est dans une maison de retraite qu’elle est repérée dès sa plus tendre enfance : elle y donne des spectacles pour divertir les personnes âgées. La suite, on la connaît. Deux films, une vingtaine de séries télé, et des pièces, donc.
Brillante à la scène comme à la ville, Laura poursuit ses études. Diplômée de Sciences-Po, elle épouse aujourd’hui la voix du journalisme, sans doute pour s’adonner à l’écriture, le texte, toujours le texte. « J’écris une pièce d’ailleurs », ajoute-t-elle. « Toutes mes pièces tournent à la tragédie, je ne sais pas pourquoi ». Quand l’art transfigure le réel.
Pourtant, qui trop embrasse de carrières parfois mal étreint. La donzelle s’éparpille, touche à tout, certes avec succès à chaque fois, mais pour aller où ? « L’idéal serait de tout combiner, mais un jour il faudra sans doute faire un choix. J’aviserai quand ce jour viendra ». L’insouciance de la jeunesse, l’insolence de la réussite.


© Brice 2007

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